mercredi 27 décembre 2017

V. Réformes

Le Prophète réalisa plusieurs réformes sociales, qui se démarquent des usages arabes de son époque, mais également des usages en Europe judéo-chrétienne. Ces réformes touchent les femmes, les esclaves, et le droit de la guerre.


Interdiction de la Vendetta.

"Ô les croyants ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. Ceci est un allègement de la part de votre Seigneur, et une miséricorde. Donc, quiconque après cela transgresse, aura un châtiment douloureux. C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété." (Baqarah, 178-179)


L'usage chez les arabes était la vendetta. Lorsqu'un membre d'un clan commettait un mal touchant une personne d'un autre clan, il s'ensuivait des représailles en chaine conduisant parfois à des années de vendetta, voire l'eradication de la tribu la plus faible. Une des réformes les plus notaires du Prophète sera de créer une super alliance de tribus, et d'individualiser les crimes commis en instituant une loi du talion et un système de diet.


L'interdiction de l'enterrement des filles.

"Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l’envahit]. Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre ? Combien est mauvais leur jugement." (Nahl, 58-59)


Un des usages les plus terribles d'Arabie était l'enterrement vivant de filles. Soit par manque de moyens de subsistance, soit par orgueil de ne pas laisser de femmes aux clans ennemis en cas de razzias. Le Coran interdira ceci comme l'avortement, et instituera un système l'aumône obligatoire prélevé chez les plus riches et distribué chez les plus démunis.



Il n'existait aucune limitation au nombre d'épouses chez les arabes avant l'avènement de l'islam.



Institution du divorce féminin.


"La formulation du divorce est permise pour seulement deux reprises. Alors, c’est soit la reprise conformément à la bienséance, ou la libération avec courtoisie. Et il ne vous est pas permis de reprendre quoi que ce soit de ce que vous leur aviez donné. Si d'aucun pami les deux craint de ne point pouvoir se conformer aux ordres imposés par Allah, alors ils ne commettent aucun péché si la femme se sépare par la remise de sa dot. Voilà les ordres d’Allah. Ne les transgressez donc pas. Et ceux qui transgressent les ordres d’Allah ceux-là sont les injustes" (Baqarah, 229)


Les arabes répudiaient les femmes sans aucune obligation de justification. La dot servant de seul droit financier pour la femme répudiée. Le Coran limitera la période de répudiation à une période sans relation charnelle de maximum trois mois. Interdisant une reprise de la femme répudiée avant un autre mariage raté éventuel. Il instituera de même un droit de divorce unilatéral féminin consistant en un retour de la dot en tout ou en partie. Avec un effet immédiat.


Limitation et règlementation de la polygamie.


"Et si vous craignez de n’être pas justes envers les orphelins. Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors (épouser) une seule, ou des captives en votre possession. Cela, afin de ne pas faire d’injustice." (Nissa, 3)

Un mâle pouvait avoir un nombre illimité de femmes, les épouser, répudier à sa guise. Le Coran limitera ceci à un maximum de quatre épouses.


Institution d'un héritage féminin.

 
"Aux hommes revient une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup: une part fixée. Et lorsque les proches parents, les orphelins, les nécessiteux assistent au partage, offrez-leur quelque chose de l’héritage, et parlez-leur convenablement." (Nissa, 7-8)

Avant l'avènement de l'islam, les femmes n'avaient comme droit de succession qu'une partie des biens de leurs mères. Le fils aîné héritant seul des biens du père. Avec quelques nuances sur la part des autres mâles selon les tribus. Le Coran accordera une part obligatoire minimale à chaque sexe. Tenant pour devoir la subvention des besoins matériels exclusivement aux hommes, une part plus importante reste prévue pour les hommes.


Protection des civils en état de guerre.


"S’ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu’ils vous offrent la paix, alors, Allah ne vous donne pas de chemin contre eux." (Nissa, 90)

Lors de conflits, aucune distinction entre civil et soldat n'existait avant l'avènement de l'islam. Le Prophète interdira de blesser les civils.


Protection des lieux de culte.


"Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). Allah est assurément Fort et Puissant." (Hajj, 40)

Les lieux de culte seront tenus pour protégés par les fidèles.


Sécularisation.


"Ô vous qui croyez ! Beaucoup de rabbins et de moines dévorent, les biens des gens illégalement et [leur] obstruent le sentier d’Allah. A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à l’incandescence dans le feu de l’Enfer et qu’ils en seront cautérisés, front, flancs et dos: voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez.»" (Tawbah, 34-35)

Aucune forme de contrainte n'est permise par le Prophète. Chaque individu vivant sous l'autorité centrale de l'islam pouvant garder ses croyances. Mais il sera interdit de produire, acheter ou vendre des idoles. Les polytheistes de la Mecque et des régions ayant fait allégeance au Messager ne seront pas forcés de s'islamiser. Mais les idoles seront détruites.


Droit des esclaves.

 
"Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant." (Nissa, 36)

Comme ailleurs dans le monde entier au Moyen âge, les esclaves n'avaient aucun droit en Arabie. Ni même d'être habillés ou nourris. Ils étaient totalement à la merci de leurs maîtres. Le Coran instituera un devoir de bienfaisance à leur égard. De même qu'un système d'afranchissement systématique. Et d'un moyen de se racheter sous contrat : l'esclave ayant de droit de travailler afin de se racheter chez son maître suivant un contrat écrit.




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